Dans quel contexte la chaire industrielle E-LoDi a-t-elle vu le jour ?
François Sihrener : Elle fait suite à des travaux initiés dès 2013 pour rapprocher les métiers de la santé et ceux de l’ingénierie. En 2019, cette dynamique portée par le CHU et l’Université de Lille s’était déjà traduite par une dizaine de projets, en particulier autour des systèmes de traitement des données. Il nous a alors semblé opportun de structurer la démarche à travers la création d’une chaire industrielle, pour officialiser les synergies existantes et ouvrir cet écosystème vers l’extérieur – et notamment les acteurs industriels qui souhaiteraient expérimenter et valider leurs solutions dans un environnement hospitalier simulé : le Living Lab.
Dr Étienne Cousein : La chaire E-LoDi est aujourd’hui coordonnée par un collectif, dont je suis le coordinateur sur le volet scientifique. Elle associe les Pr Pascal Odou, responsable de la Pharmacie Centrale du CHU de Lille, Bertrand Décaudin, ancien doyen de la Faculté de Pharmacie de Lille et Vice-Président aux partenariats territoriaux de l’Université de Lille, et Slim Hammadi, Professeur en automatique et informatique industrielle à l’Ecole Centrale de Lille. Notre ambition ? Apporter des réponses pertinentes aux problématiques médicales – iatrogénie, erreurs de prescription ou de délivrance, approvisionnements... – en travaillant sur quatre segments : l’intelligence artificielle, la réalité augmentée, l’automatisation et les systèmes logistiques. Nous sommes ici attentifs à ce que les technologies considérées soient communicantes et s’inscrivent dans un cadre global.
Vous cherchez donc à créer un terrain favorable pour optimiser le circuit du médicament dans son ensemble…
François Sihrener : Plusieurs possibilités existent ici : règles algorithmiques appliquées aux dossiers patients pour identifier les risques pharmaceutiques, préparations automatisées ou assistées par réalité augmentée, systèmes de dispensation connectés et intelligents, etc. E-LoDi entend effectivement créer un environnement propice à leur émergence, charge à nous ensuite de prioriser celles pouvant rapidement trouver des applications concrètes et essaimer dans d’autres établissements hospitaliers, en France ou à l’international.
Quid du modèle médico-économique de ces innovations ?
Dr Étienne Cousein : Notre approche s’inscrit au croisement d’enjeux médicaux, académiques, industriels, pédagogiques, sociaux… et bien entendu économiques. Il nous faut donc proposer des technologies matures mais aussi viables. La question du retour sur investissement, et surtout de sa lisibilité, est ici primordiale. Or il n’existe pas d’indicateurs permettant de mesurer la performance médico-économique des activités pharmaceutiques. C’est justement un point sur lequel nous travaillons, car ce qui se mesure s’améliore. Nous développons aujourd’hui un premier indicateur de performance logistique, portant sur le taux d’écart entre le médicament prescrit et celui administré. Mais il ne se suffira pas à lui-même et devra être complété par des éléments de contextualisation clinique. D’autres indicateurs devraient également être construits pour mesurer la performance des organisations, les gains de temps, les impacts sur la QVT, etc. Ce sera un travail de longue haleine, dont les résultats sont toutefois très attendus par l’industrie et par nos confrères européens. Cela dit, cette réflexion fait, in fine, écho à l’ambition de notre chaire : renforcer les synergies entre ingénieurs et professionnels de santé pour offrir des gains globaux et « disrupter » le monde de la pharmacie hospitalière – qui en a bien besoin !
Article publié dans l'édition de février 2023 d'Hospitalia à lire ici.
François Sihrener : Elle fait suite à des travaux initiés dès 2013 pour rapprocher les métiers de la santé et ceux de l’ingénierie. En 2019, cette dynamique portée par le CHU et l’Université de Lille s’était déjà traduite par une dizaine de projets, en particulier autour des systèmes de traitement des données. Il nous a alors semblé opportun de structurer la démarche à travers la création d’une chaire industrielle, pour officialiser les synergies existantes et ouvrir cet écosystème vers l’extérieur – et notamment les acteurs industriels qui souhaiteraient expérimenter et valider leurs solutions dans un environnement hospitalier simulé : le Living Lab.
Dr Étienne Cousein : La chaire E-LoDi est aujourd’hui coordonnée par un collectif, dont je suis le coordinateur sur le volet scientifique. Elle associe les Pr Pascal Odou, responsable de la Pharmacie Centrale du CHU de Lille, Bertrand Décaudin, ancien doyen de la Faculté de Pharmacie de Lille et Vice-Président aux partenariats territoriaux de l’Université de Lille, et Slim Hammadi, Professeur en automatique et informatique industrielle à l’Ecole Centrale de Lille. Notre ambition ? Apporter des réponses pertinentes aux problématiques médicales – iatrogénie, erreurs de prescription ou de délivrance, approvisionnements... – en travaillant sur quatre segments : l’intelligence artificielle, la réalité augmentée, l’automatisation et les systèmes logistiques. Nous sommes ici attentifs à ce que les technologies considérées soient communicantes et s’inscrivent dans un cadre global.
Vous cherchez donc à créer un terrain favorable pour optimiser le circuit du médicament dans son ensemble…
François Sihrener : Plusieurs possibilités existent ici : règles algorithmiques appliquées aux dossiers patients pour identifier les risques pharmaceutiques, préparations automatisées ou assistées par réalité augmentée, systèmes de dispensation connectés et intelligents, etc. E-LoDi entend effectivement créer un environnement propice à leur émergence, charge à nous ensuite de prioriser celles pouvant rapidement trouver des applications concrètes et essaimer dans d’autres établissements hospitaliers, en France ou à l’international.
Quid du modèle médico-économique de ces innovations ?
Dr Étienne Cousein : Notre approche s’inscrit au croisement d’enjeux médicaux, académiques, industriels, pédagogiques, sociaux… et bien entendu économiques. Il nous faut donc proposer des technologies matures mais aussi viables. La question du retour sur investissement, et surtout de sa lisibilité, est ici primordiale. Or il n’existe pas d’indicateurs permettant de mesurer la performance médico-économique des activités pharmaceutiques. C’est justement un point sur lequel nous travaillons, car ce qui se mesure s’améliore. Nous développons aujourd’hui un premier indicateur de performance logistique, portant sur le taux d’écart entre le médicament prescrit et celui administré. Mais il ne se suffira pas à lui-même et devra être complété par des éléments de contextualisation clinique. D’autres indicateurs devraient également être construits pour mesurer la performance des organisations, les gains de temps, les impacts sur la QVT, etc. Ce sera un travail de longue haleine, dont les résultats sont toutefois très attendus par l’industrie et par nos confrères européens. Cela dit, cette réflexion fait, in fine, écho à l’ambition de notre chaire : renforcer les synergies entre ingénieurs et professionnels de santé pour offrir des gains globaux et « disrupter » le monde de la pharmacie hospitalière – qui en a bien besoin !
Article publié dans l'édition de février 2023 d'Hospitalia à lire ici.